Les acteurs bordelais qui font bouger le tourisme durable - tome 2

La Cité du Vin - travailler pour l'avenir

Il s’appelle Laurent Basse-Cathalinat, il a 55 ans et il est secrétaire général de la Cité du Vin depuis 2014. En charge de tout le volet administratif, la gestion du bâtiment et la RSE (Responsabilité sociale ou sociétale des entreprises), il est l’un des premiers à avoir intégré l'équipe. Aussi, il connait sur le bout des doigts les initiatives qui prouvent que la Cité du Vin s’intéresse à ces enjeux depuis longtemps : "On a commencé en 2020 à se lancer dans la certification NF Environnement". Deux ans plus tard, la Cité du Vin persiste et signe avec le niveau le plus élevé de la certification Divertissement Durable (label RSE de la profession des parcs à thème). 

Des bonnes nouvelles qui en emmènent d’autres : "Cela nous a permis de mettre en lumière les certifications auprès d’autres acteurs. Cette forme « d’influence » est un levier pour inspirer d’autres à faire de même". 

La Cité du Vin a décidé ensuite d’aller encore plus loin : "En 2023, on s’est lancés dans la Convention des Entreprises pour le Climat (session Nouvelle Aquitaine). L’élaboration de notre feuille de route pour 2030 a permis d’intégrer les enjeux liés à la préservation de la planète autour de la viticulture". Une grande fierté pour Laurent et les équipes : "Il y avait un vrai enjeu de passer d’un musée qui parlait d’une histoire passée à un modèle qui se connecte au vivant. Le but : préserver le patrimoine pour qu’il ait un futur pour les hommes, la vigne et le vin". 

Cette année, l'institution culturelle a mis en place un système de réemploi des bouteilles grâce à une start-up : "Ce sont des contraintes, mais on est dans notre rôle de pousser les nouvelles solutions jusqu’à ce qu'elles deviennent la norme. On travaille pour l’avenir. Quand on est une fondation, on défend un patrimoine et ce patrimoine, il faut le garder".

À chaque pas en avant, la Cité du Vin a évolué grâce à des actions qui ont impliqué les salariés : la visite de l’exposition de Cap Sciences sur le réchauffement climatique et la venue d’Arthur Keller dans l’auditorium en sont deux exemples. L’enjeu d’aujourd’hui pour Laurent ? "Que la partie RSE soit portée par l’ensemble des collaborateurs". Pour cela, l'entreprise ne lésine pas sur les moyens : "Nous avons créé différents collectifs en interne qui portent sur le bien-être des collaborateurs, la très grande satisfaction des visiteurs et le développement durable. Un tiers des employés en fait déjà partie".

Quant aux visiteurs, ils sont 75 % à répondre « oui » à la question "Les sujets abordés dans l’Exposition permanente vous sensibilisent-ils à la nécessaire préservation de l’environnement ?". Et Laurent de s’en féliciter : "C’est super, même si on se dit qu’il faut transformer cette sensibilisation en acte !". 

• Cité du Vin - 134 Quai de Bacalan, 33300 Bordeaux
   

Vert Bordeaux - aller plus loin dans sa démarche durable

 
Depuis 2021, Emmanuel Otayek voit la vie en vert. Bordelais d’origine, l’homme de 36 ans et sa compagne Sarah ont créé cette année-là une entreprise d’excursions à Bordeaux et en Gironde en van neuf places. Dès le début, le couple a souhaité s’orienter vers le tourisme durable. En témoigne le nom qu’ils ont choisi ! 

"On souhaitait travailler dans une entreprise d’économie sociale et solidaire, mais c’était plus facile de partir d’une feuille blanche que de trouver une place à Bordeaux" raconte le jeune homme. "J’aime l’histoire, j'aime le vin et j’avais envie d’un métier de contact, sur le terrain". Bonne pioche pour Emmanuel qui est désormais chef d’entreprise en binôme et guide ! 

Si le couple a défini son engagement dès le départ, il essaye chaque année d’aller plus loin grâce à des actions concrètes, comme celle de mettre en avant des viticulteurs engagés : "J’apprécie leurs discours qui expliquent aux clients comment faire du vin propre et la viticulture différemment. Cela participe à sensibiliser les gens". 

Emmanuel s’engage aussi en interne via le choix de sa banque et de son véhicule par exemple : "Je n’ai pas de van électrique à cause du coût, de l’autonomie insuffisante et du poids carbone de la batterie, mais j’ai choisi d’investir dans un véhicule collectif de seconde main que nous remplissons en moyenne à 6,5 passagers sur 8 places".

L’engagement s’incarne également dans le type de visites proposées : "En 2023, on a participé à Bordeaux Solid’air en ouvrant une visite par mois réservée aux personnes en situation de précarité". Cette année, la société lance la visite "Bordeaux, engagé & solidaire" de 2 h en association avec la guide Pauline Even : "Le tour permet de découvrir quatre lieux que sont Les Récoltants (restaurant locavore) ComplanTerra (caviste, bar à vin bio, nature et biodynamie), L’Armoire Poéthique (magasin de vêtements avec marques écoresponsables) et La ManuCo (tiers lieu)".

Et Emmanuel de se réjouir de ces actions : "Ce sont des choix de cœur, mais pas ceux de la facilité. Je prends du temps pour toutes ces mises en place et c’est une prise de risque financière, mais j’en suis très fier !".

Vert Bordeaux - 7 Sente de la Nancy, 33300 Bordeaux
 

 

Hôtel Seeko'o - l'Homme au centre de tout

C’est l’histoire d’un hôtel géré d’une main de maîtresse par Séverine Perrier, 45 ans, et déjà la direction du Domaine de Raba précédemment à son actif. Depuis 2019, la présidente du Club des Hôteliers de Bordeaux Métropole est à la tête du Seeko'o, un établissement de 44 chambres situé sur les quais.

S’il peut être fier de son architecture singulière toute de blanc vêtue, le Seekoo ("Iceberg" en langue inuit) a également une tête bien pleine grâce au travail de sa directrice. Et de décrocher haut la main le label de la Clef Verte pour la 3ᵉ année consécutive.

Avec 20 ans d'expérience dans l’hôtellerie restauration, Séverine a à cœur de promouvoir le territoire et la destination, et de devenir ambassadrice de la région en vue de la faire rayonner. C'est avec des producteurs locaux et par le biais de circuits courts qu’elle a par exemple choisi de travailler.  

Pour elle, l’Homme est au centre de tout. Une valeur qu’elle porte dans ses établissements, vis-à-vis des clients et auprès de sa quinzaine de collaborateurs : "Le côté humain m’est très cher. Pour veiller au bien-être des équipes, j’ai notamment mis en place des actions comme des séances de kiné trimestrielles". 

La directrice a également créé la marque Seeko'o Culture afin "d’ouvrir l’hôtel sur la vie de quartier et en faire un lieu de rencontre et d’échange". Une à deux expositions d’artistes locaux et régionaux sont organisées tous les ans afin de leur offrir une visibilité publique. Une initiative sociétale originale qui fait mouche auprès des clients comme des visiteurs de passage ! 

Côté environnemental, la directrice a créé le parcours Seeko'o Responsable : "On ne voulait pas culpabiliser nos clients, mais faire en sorte qu’ils deviennent acteurs à nos côtés. Dès la réservation, ils peuvent choisir cette option. Le client apporte ainsi sa contribution : demander un peignoir seulement s’il est sûr de l’utiliser, accepter une simple « remise en beauté » de la chambre sans grand nettoyage de fond ou renouveler le linge que lorsque c’est nécessaire". En échange, l’hôtel a investi dans l’association Créateur de forêt qui redéveloppe la biodiversité dans une forêt de la région. Un client sur trois choisit déjà cette option, contre un sur cinq au début, il y a trois ans. Gageons que la totalité des clients y adhère avec les années ! 

Seeko'o  - 54 Quai de Bacalan, 33300 Bordeaux