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Les derniers secrets de Bordeaux

Plongez au cœur de l'histoire de Bordeaux avec certains des secrets les mieux gardés ou les plus rocambolesques de la ville. Un reportage réalisé grâce aux précieux conseils d'Agathe Corre, guide conférencière à l'Office de Tourisme de Bordeaux Métropole.

Le Château Trompette

La Place des Quinconces n’a pas toujours été cette immense esplanade qui accueille fêtes foraines, brocantes, etc. Jusqu’au début du XIXe siècle, elle a abrité l’un des châteaux les plus controversés de France : le Château Trompette. Construit une première fois au XVe siècle, l’édifice avait pour rôle d’asseoir l’autorité du règne des rois de France sur les Bordelais accusés d’être restés fidèles au roi d’Angleterre pendant la Guerre de Cent ans. Du fait de leur trahison, ce sont d’ailleurs les Bordelais eux-mêmes qui ont dû payer et édifier la structure. Mais en 1649, la population bordelaise se révolte contre le pouvoir en place et détruit le Château Trompette. Le roi Louis XIV demande aussitôt à Vauban de reconstruire le monument (en plus grand). Après 11 ans de travaux, le Château Trompette 2ᵉ version sort de terre : il a la particularité d’être doté de canons dirigés non vers l’extérieur, mais au contraire visant la ville. Preuve que le roi n’a aucune confiance dans la population bordelaise… En 1787, soit deux ans avant la Révolution Française, le roi Louis XVI finit par vendre le Château Trompette. Il le laisse à l’abandon et ce n’est qu’en 1818 que l’édifice est entièrement détruit. Même s’il ne reste aujourd’hui aucune ruine du Château, une maquette de l’œuvre de Vauban existe toujours et s’expose au musée des Plans et Reliefs de Paris.

Plan-relief du château Trompette
© Clément Pamelard

Le soldat allemand qui a sauvé Bordeaux

Une des rues du tout nouveau quartier des Bassins à flot porte son nom : Henri Salmide, de son vrai nom Heinz Stahlschmidt, né le 13 novembre 1919 à Dortmund, en Allemagne. Une belle reconnaissance pour celui que l’on appelle aujourd’hui « le sauveur de Bordeaux ». Maître artificier de l’armée allemande durant la Seconde guerre mondiale, Heinz Stahlschmidt reçoit l’ordre, début août 1944, de faire sauter les installations portuaires et les quais de Bordeaux afin d’empêcher les Alliés de les utiliser. Refusant d’obéir à ses supérieurs nazis, il préfère faire sauter le blockhaus de la rue Raze, sur le quai des Chartrons, où sont entreposées toutes les charges explosives allemandes, quatre jours avant la destruction planifiée. Suite à cet acte de sabotage contre son propre camp, il est protégé et caché par le réseau de résistance française des frères Moga, obtient de faux papiers et est finalement naturalisé français en 1947 sous le nom de Henri Salmide. Il rencontre ensuite Henriette et s’installe avec elle à Bordeaux, où il travaille comme démineur pendant les années d’après-guerre, puis comme sapeur-pompier, notamment sur le bateau-pompe du port de Bordeaux jusqu’à sa retraite en 1969. Il meurt à l’âge de 90 ans le 23 février 2010 à Bordeaux.

La véritable histoire du chocolat

Ce n’est un secret pour personne. Bordeaux, comme Bayonne ou Bruxelles, ont un lien très particulier avec le chocolat. Mais cette histoire gourmande ne date pas du XVIIIe siècle, c’est-à-dire de l’époque du commerce triangulaire, comme on a trop souvent tendance à le croire : c’est en effet dès le XVIe siècle que Bordeaux noue des relations spéciales avec le chocolat, grâce à l’arrivée de juifs marranes chassés d’Espagne et du Portugal par Isabelle la Catholique. Réfugiés à Bordeaux et au Pays Basque, certains d’entre eux ont des relations avec Amsterdam et s’adonnent au commerce des épices et notamment de la fève de cacao. Ce sont donc eux qui ont fait entrer les premiers le cacao, dans la capitale girondine. C’est de cette époque, également, que remontent les premiers témoignages de dégustation d’une boisson préparée avec du cacao, de la cannelle et de la vanille, fort amère.

Chocolaterie Cadiot-Badie
© Steve Le Clech Photos

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Les albâtres de Saint-Michel

C’est une histoire presque incroyable. Et pourtant bien vraie. En 1984, des cambrioleurs se font enfermer dans la basilique Saint-Michel et y dérobent sept reliefs en albâtre du XVe siècle, classés au titre des monuments historiques en 1846. À la place des originaux, les voleurs installent des moulages en plâtre si ressemblants que personne ne se rend compte de rien jusqu’en... 1993, à la faveur fortuite de l’instruction d’une proposition de dation de deux de ces reliefs ! L’Office central de lutte contre le trafic illicite des biens culturels se saisit alors de l’affaire et, au terme d’une longue enquête bouclée seulement en 2016, finit par mettre la main sur les sept panneaux. Revendus le plus souvent à des particuliers, pour leurs collections privées, l’un a été retrouvé à Monaco, d’autres aux États-Unis et les derniers au Royaume-Uni. En septembre 2019, les sept panneaux volés ont enfin retrouvé leur place dans le retable de la chapelle Saint-Joseph. Une bonne nouvelle pour le patrimoine bordelais, car ces pièces ont une histoire précieuse : fabriquées en albâtre de Nottingham, elles ont été cachées pendant la Révolution française et ont ainsi échappé à la législation sur le concept de Bien national alors en vigueur.

Retable ornant la chapelle Saint-Joseph de la basilique Saint-Michel
© Thomas Sanson

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